Un beau débat

Publié le par sébastien

Autant en 1995, le débat était à fleurets mouchetés entre Chirac et Jospin, autant celui qui s'est déroulé ce soir, entre Sarkozy et Royal, m'a paru vif, animé, dynamique, comme s'il traduisait à sa façon la revitalisation de la démocratie, dont témoignait déjà le faible taux d'abstention au 1er tour.

Les projets s'opposent et les deux fortes personnalités qui les incarnent également. Ce qui suscite l'intérêt et la curiosité. C'est très bien ainsi. Et, peut-être faut-il le reconnaître, doit-on d'abord cela au candidat de la droite qui, en ayant un projet clair sur la forme et sur le fond, invite sa concurrente à se positionner en contrepoint de manière assez systématique, ce qui réhabilite un clivage droite / gauche que l'on pensait perdu.

Y a-t-il un vainqueur ? Difficile à dire ! On pourrait dire que le fait que Royal n'est pas perdue constitue en quelque sorte une victoire, tant la maîtrise par Sarkozy de son projet et de l'outil de communication qu'est la télé le plaçaient en favori logique. Quand le favori ne s'impose pas avec évidence, c'est donc qu'il a perdu un peu ... Et puis les médias risquent de retenir la "colère saine" de Royal, qui, en passant en boucle, va lui attirer la sympathie.

Sinon, sur le fond, quelques observations :

- il a fallu attendre deux heures de débat pour parler de l'Europe et de l'international, c'est-à-dire des sujets dont aura directement en charge le futur présdient, ce qui ne paraît pas très logique, mais est un bon résumé de cette campagne qui s'est menée en vase clos, comme si le monde n'existait pas en dehors de nous ;

- pas un mot sur le mariage gay : l'égalité des droits pour 5 à 10 % de la population ne constitue donc pas vraiment encore une priorité telle qu'on puisse l'évoquer dans un débat de 2 heures et demie ;

- la droite a un projet, elle sait ce qu'elle veut, parle clair sur les institutions, la Turquie, les 35h, les retraites, la gauche n'a pas de projet, elle sait ce qu'elle ne peut pas faire, pas encore ce qu'elle veut. Nouveau plaidoyer pour une synthèse lib-lib que j'appelle de mes voeux et pour que la gauche cesse le grand écart idéologique qui contraint sa représentante au flou quant aux objectifs et à se retourner vers les partenaires sociaux quant à la méthode ;

- au total, j'aurais presque préféré qu'il y ait moins d'opposition, trouvant chez l'un et chez l'autre des propositions qui m'attirent et d'autres qui me navrent.

- enfin, il ne me semble pas qu'on ait eu droit à des formules qui resteront dans l'histoire. Plutôt à des passes d'armes. On reverra la "colère saine" de Ségolène. Y verra-t-on une capacité de révolte à son avantage ou une absence de sang-froid préjudiciable ?

Pour ma part, ces deux candidats n'étaient pas mes préférés. Mes doutes n'ont jamais été levés. Je pense que la gauche aurait gagné avec DSK ou Fabius. Mais, puisqu'il faut choisir ...

Publié dans Politique-France

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