Immigration : la France organise un cercle vicieux

Publié le par sébastien

Demain, le ministre de l'Intérieur présentera au Conseil des ministres un projet de loi pour lutter contre l'immigration illégale.

Il ne comporte qu'un volet policier : création d'une police de l'immigration, mise en place des visas biométriques, création d'un service public de l'immigration qui regroupe l'ensemble des administrations concernées sous la seule tutelle du ministre de l'intérieur, création d'un fichier national des attestations d'accueil, modification du code civil pour supprimer la reconnaissance automatique par la France des unions conclues à l'étranger.

Que les services de police soient réorganisés pour être plus efficaces est une chose que l'on peut naturellement concevoir.

Mais qu'un texte sur l'immigration illégale se limite à un seul volet policier, voilà qui, à mon sens, tombe à côté de la plaque.

D'abord, parce que l'on sait que l'immigration est amenée à jouer un rôle important dans l'avenir du pays et du continent, en raison de la démographie qui remet en cause les systèmes sociaux et diminue la part de la population active. En envoyant un seul message policier, on flatte peut-être l'opinion, mais on rend plus difficile les réformes à venir, forcément nécessaires.

Ensuite, parce que l'on ne diminuera pas le flux entrant de l'immigration illégale par le seul renforcement des services policiers. La majorité des immigrants n'ont rien à perdre. Qu'ont-ils de plus à craindre quand ils ont déjà quitté leur terre et leur famille ? La méthode policière ne tarit pas les flux, elle les renvoit.

Enfin, et surtout, l'immigration illégale est aussi le produit de complexités administratives qui échappent à tous ceux qui veulent tenter leur chance. Une loi qui voudrait tarir les flux d'illégaux devrait réformer, en particulier, deux procédures :

1) aujourd'hui, pour venir travailler en France de manière régulière, il faut engager une procédure lourde, longue et incertaine. Le futur employeur doit délivrer un contrat qui sera ensuite examiné par les Directions départementales du travail. Celles-ci s'attacheront à déterminer s'il est effectivement nécessaire, en l'espèce, de faire appel à une main d'oeuvre étrangère. Devant la longueur des procédures et l'incertitude sur la décision finale, le candidat à l'immigration est tenté de passer outre.

2) la réforme de l'Aide médicale d'Etat est nécessaire. Aujourd'hui, pour avoir droit à cette aide, il faut être sans-papier puisqu'elle n'est délivrée qu'à ceux qui sont en France depuis plus de 3 mois. Nombreux sont ceux qui, devant la maladie, préfèrent venir se faire soigner dans l'illégalité que souffrir chez eux, en étant réguliers.

Je suis contre les régularisations massives. Parce qu'elles sont injustes vis-à-vis de tous ceux qui, malgré leur complexité, essaient de respecter nos règles. La régularisation est, quelque part, une prime à l'illégalité.

Mais, il est nécessaire de réformer nos règles en matière de contrat de travail et d'assistance aux malades, sans quoi, l'immigration illégale se poursuivra, faute de mieux, appelant en retour un plus grand contrôle policier.

Dès lors, c'est bien un cercle vicieux que l'on met en place.

Publié dans Politique-France

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