République bananière, suite

Publié le par sébastien

Dans une précédente note, je recensais divers épisodes de l'actualité politique qui m'amenaient à conclure que notre République n'avait, sur certains points, rien à envier à certaines républiques bananières.

Aujourd'hui, je vous propose de nouveaux exemples qui m'amènent à conclure dans le même sens et qui, je trouve, sont encore plus amusants !

On sait que les délocalisations sont devenues ces dernières années un outil répandu de modernisation de l'administration. Rien de tel pour montrer que l'on est proche du peuple et que l'on ne se laisse pas marcher sur les pieds par les lobbys de la capitale.

Seulement, à chaque fois la question se pose : délocaliser, oui, mais délocaliser où ?

Et bien, c'est là, que l'esprit de clocher fait son apparition :

1) En son temps, alors qu'elle était premier ministre, Edith Cresson avait eu l'idée de rapatrier l'agence judiciaire du Trésor, un service du ministère de l'économie, dans sa ville, Chatellerault. On n'est jamais mieux servi que par soi-même !

Mais enfin, Chatellerault est une ville assez grande. Et dans le vaste mouvement de délocalisation qu'elle avait engagé, il n'était pas totalement absurde qu'une petite administration puisse y être délocalisée.

Aujourd'hui, Raffarin fait quand même nettement plus fort. Il a décidé de délocaliser à Chasseneuil du Poitou, sa ville de 4104 habitants au dernier recensement, le Centre National de Documentation Pédagogique, un important service du ministère de l'éducation nationale. On comprend l'angoisse qui étreint ces fonctionnaires, même si le Poitou, il faut le reconnaître, c'est très joli et l'on y mange bien.

Je sens qu'autant d'audace, à la mode africaine, vous fait déjà sourire ! Mais il y a mieux. Jugez plutôt :

En 1999, le ministre de l'Industrie, Christian Pierret a une idée géniale : délocaliser le contrôle des fréquences maritimes. Il existe, en effet, une administration qui est chargée de garantir le bon usage des émetteurs radio maritimes et fluviaux, sans lesquels il n'y a pas de navigation sûre.

Pourquoi pas me direz-vous ? On délocalise où : La Rochelle, Brest, Royan ?

Non, ce sera Saint Dié, jolie bourgade des Vosges de 23000 habitants, dont le maire, bien sûr vous l'aurez deviné, s'appelle Christian Pierret !

Et dire que l'on reproche aux présidents africains de s'occuper d'abord de leur village !

Publié dans Politique-France

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B
Bravo à Monsieur Christian Pierret et Vive Saint-Dié-des-Vosges !
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T
Bonjour et bravo pour tes remarques pertinentes.<br /> Tant que les délocalisations ont lieu en France, ce n'est pas très grave. Ilserait intéressant de s'intéresser aux délocalisations à l'étranger (par exemple les centres d'appel de France Telecom au Maroc). Il est quand plus facile de cacher des intérêts privés dans une société de droit marocain que dans une société de droit français. Et là, il peut réellemment y avoir des bénéfices personnels...
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